Cache moi.

J’ai peur, tu sais. Je fais la belle sur mes talons avec mon rire aux éclats et mon entrain sur la piste de danse, je souris, je bois et je parle aux gens comme si je n’avais rien à cacher. D’ailleurs, ça marche : la plupart des gens sont persuadés que je suis une fille simple. On me considère souvent comme la rousse sympa qu’on aime bien inviter en soirée. La vérité c’est que mon exubérance attire les gens et retient leur attention de sorte à ce qu’ils n’accordent aucune importance au reste. Certains trouveront ça triste, moi je m’en réjouis, parce que les questions que personnes ne me posent ont des réponses dont je ne veux pas parler. Ouvrir les sujets sensibles au reste des oreilles des gens que je peux croiser comme si tout le monde pouvait lire en moi comme un livre ouvert, c’est donné une massue et des arbalètes à la terre entière en portant une pancarte « vous pouvez m’achever ». Je me prends la tête pour des choses qui n’en valent peut être pas la peine, mais j’ai peur des gens. Pas de tous, les inconnus m’indiffèrent complètement, juste de ceux qui seraient capables de m’aimer. Ne nous voilons pas la face, personne n’est parfait, on a déjà tous blessés des gens qu’on aimait, c’est la nature de l’homme que d’être capable de tout même du pire. J’ai dû blesser certaines personnes, sans aucun doute. Mais là où je doute le moins, c’est au sujet des blessures que j’ai pu subir. Elles ne sont peut être pas nombreuses, peut être pas graves aux yeux du monde, mais je ne sais pas trop, peut être que je suis trop sensible, le fait est qu’elles sont bien trop douloureuses pour une seule âme. Ma mère dit que je résiste trop à la douleur physique, mais la douleur du cœur, c’est une toute autre histoire. Alors la voilà, la vérité. J’ai peur de mes amis, de mes coups de cœur, ou de n’importe qui susceptible de le devenir. Parce qu’ils auraient alors toutes les cartes en main pour m’abattre quand bon leur semble. On ne sait jamais. Je suis probablement un peu trop méfiante, et je me prive sûrement de quelques amitiés qui pourraient être belles, ou bien juste ‘à vivre’, mais je sais aussi que lorsque je donne, je ne fais pas semblant. Je sais aussi qu’on peut toujours donner à tord, à des gens qui sont capables de faire énormément de mal. Heureusement, je ne nie rien, certains me font aussi énormément de bien. Il y a des amis qui en sont, ou qui malgré tout, résistent. Mais ils sont rares et bien cachés. Alors moi aussi, je me cache, et quand je me sens mise à nue, je fuis. Quelques fois, par mégarde ou par envie, par excès de confiance inexpliquée ou par curiosité, je me laisse approcher.